Commotion : le nouveau réseau Internet libre et gratuit

Par Arik Benayoun modifié le 09/09/2020 à 14h56

Le printemps arabe a donné des idées aux ingénieurs. A Washington, une équipe d'une vingtaine de personnes développe un réseau concurrent d'Internet. Commotion est un réseau autonome, libre, gratuit et ne nécessitant pas d'infrastructure. Échappant à tout contrôle, il a tout pour faire trembler les gouvernements mais aussi les opérateurs....

Commotion : le nouveau réseau Internet libre et gratuit

Imaginez un réseau libre, gratuit échappant à toute forme de censure. C'est ce qu'est en train de développer une jeune équipe composée d'une vingtaine de développeurs, de juristes et de sociologues basée à Washington.

Baptisé Commotion, ce logiciel permet de créer des réseaux sans fil haut débit complètement autonomes, anonymes, fonctionnant sur des fréquences Wi-Fi et ne reposant sur aucune infrastructure d'opérateur. Pas besoin d'antenne relais, de téléphone, ni de câble ou de satellite. Ces réseaux seront déployables à volonté, ils ne seront pas centralisés et permettront de contourner toute forme de contrôle car le trafic sera crypté.

Commotion réseau sans fil

Les logiciels de Commotion transforment un routeur Wi-Fi, un PC ou un smartphone en relais capable de former un réseau. Ainsi, chaque périphérique est en mesure de trier de router les données vers leurs destinataires. De plus, ce réseau peut aussi se connecter au reste du monde puisque si un seul appareil se connecte à Internet, il donne l'accès à tous les autres. « Le seul outil indispensable à apporter sur le terrain est une clé USB contenant les logiciels, qui doivent être installés sur chacun des appareils appelés à faire partie du réseau. », explique Josh King le responsable technique du projet.

Google et le gouvernement U.S ne sont pas très loin

Sascha MeinrathDirigé par Sascha Meinrath, un militant de l'Internet libre et pionnier des réseaux citoyens, le projet Commotion bénéficie d'un budget de 4,3 millions de dollars dont deux sont octroyés par le Département d'Etat. C'est un projet officiel qui est hébergé et financé en parti par l'OTI, Open Technology Initiative, le département de haute technologie de la New America Foundation, présidé par Eric Schmidt actuel Executive Chairman de Google.

Si ce réseau peut être utilisé pour échapper à différentes formes de censures, ce réseau peut aussi être déployé sur le terrain dans des situations d'urgence comme des catastrophes naturelles où dans des zones où les populations sont privées de tout moyen de communication. Toutefois, il semblerait qu'il soit principalement destiné à aider des dissidents en contournant des gouvernements contrôlant toutes les communications. « Fin 2010, j'ai appris un peu par hasard que le département d'Etat avait décidé d'aider ce type de recherches. Nous avons déposé un dossier, en concurrence avec d'autres organisations, et nous avons été choisis. Les autres projets s'appuyaient en partie sur les infrastructures existantes, alors que Commotion les court-circuite entièrement. » précise Sascha Meinrath.

Une version de travail complète sera disponible en septembre afin que des experts du monde entier apportent des améliorations. Toutefois, le logiciel n'est pas encore distribué même si les demandes ne manquent notamment par des militants des révolutions arabes. Les responsables du projet préfèrent attendre qu'il soit entièrement sécurisé. La version finale devrait être prête d'ici fin 2012, date butoir pour produire une version grand public.

cyber defense hacker pirateOTI envisage d'utiliser pour la sécurisation des données TOR, The Onion Router, un programme développé par une bande de hackers allemands et américains qui permet de surfer sur le net sans être repéré. Toutefois, OTI ne veut pas s'arrêter là, la jeune équipe américaine veut aussi permettre le partage de fichiers lourds, de téléphoner et d'interconnecter les réseaux entre eux.

Si l'équipe parvient à développer un tel réseau non seulement elle aura comme opposants tous les régimes ennemis de la liberté d'expression mais aussi les opérateurs télécoms qui sont directement menacés par cette innovation. « Notre technologie va bousculer pas mal de choses y compris aux États-Unis. Si les gens se mettent à construire leurs propres réseaux, le business model des groupes de télécoms va s'effondrer. » déclare Sascha Meirath.

Cependant, si les dictatures ont du souci à se faire avec ce genre de réseaux, l'industrie du disque et du cinéma risque d'être la première à pâtir de ce logiciel qui sera du pain béni pour tous les accros au téléchargement illégal.

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